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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/517

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rateurs dans leurs villes. » Il mit ouvertement par là en évidence son mauvais vouloir contre Aristote, auprès duquel Callisthène avait été élevé, comme étant son proche parent, car il était fils d’Héro, nièce d’Aristote.

On parle diversement du genre de sa mort : les uns disent qu’Alexandre le fit mettre en croix ; d’autres, qu’il mourut de maladie dans sa prison. Suivant Charès, après qu’il eut été arrêté, on le garda sept mois dans les fers, pour être jugé en plein conseil, en présence d’Aristote. Mais il serait mort d’un excès d’embonpoint et de la maladie pédiculaire, vers le temps qu’Alexandre fut blessé dans un combat contre les Malles Oxydraques, peuples de l’Inde. Du reste, ceci n’arriva que bien après les événements dont nous venons de parler.

Démaratus de Corinthe, quoique déjà très-vieux, ne put résister au désir qu’il avait d’aller voir Alexandre. Il se transporta en Asie ; et, après avoir contemplé le roi : « Je plains, lui dit-il, les Grecs qui sont morts avant de t’avoir vu assis sur le trône de Darius ; ils ont été privés d’une grande satisfaction. » Démaratus ne jouit pas longtemps de la bienveillance du roi : il mourut bientôt de maladie. Alexandre lui fit de magnifiques obsèques ; et l’armée éleva en son honneur un tertre tumulaire dont le pourtour était immense, et la hauteur de quatre-vingts coudées. Ses restes furent portés jusqu’au bord de la mer sur un char à quatre chevaux superbement orné.

Alexandre, prêt à partir pour l’Inde, vit ses troupes tellement accablées de butin, qu’on pouvait à peine les mettre en mouvement. Le matin du départ, au point du jour, les chariots étant déjà chargés, il commença par brûler les siens avec ceux de ses amis, et fit ensuite mettre le feu à ceux des Macédoniens. La résolution paraissait plus dangereuse à prendre qu’elle ne fut difficile à exécuter : il y en eut fort peu qui s’en affligèrent ; tous les autres, comme saisis d’un transport divin, et pous-