Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/565

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pendant qu’ils ravageaient les terres des alliés de Rome, et défait tous ceux qui s’étaient réunis, et qui se laissèrent enfoncer lâchement : il en tua un si grand nombre, que les Romains passaient des étangs et de profondes rivières sur les corps morts dont ils étaient remplis. Quant aux révoltés des pays qui bordent l’Océan, ils se rendirent sans combat.

César conduisit son armée contre les Nerviens, les plus sauvages et les plus belliqueux des Belges : ils habitaient un pays couvert d’épaisses forêts[1], au fond desquelles ils avaient retiré, le plus loin possible de l’ennemi, leurs familles et leurs richesses. Ils vinrent, au nombre de soixante mille, fondre subitement sur César, dans le temps qu’il était occupé à se retrancher et ne s’attendait pas à combattre. La cavalerie fut mise en déroute du premier choc ; puis, les Barbares enveloppent la douzième et la septième légions, et en massacrent tous les officiers ; et si César, arrachant le bouclier d’un soldat, et se faisant jour à travers ceux qui combattaient devant lui, ne se fut jeté sur les Barbares, et si la dixième légion n’eût accouru du haut de la colline qu’elle occupait, au secours de César, et n’eût enfoncé les lignes des ennemis, il ne se serait pas sauvé un seul Romain ; mais, ranimés par l’audace de César, ils combattirent avec un courage supérieur à leurs forces. Cependant ils ne purent venir à bout de faire tourner le dos aux Nerviens ; il fallut les hacher en pièces sur la place qu’ils occupaient. De soixante mille qu’ils étaient, il ne s’en sauva, dit-on, que cinq cents ; et de quatre cents de leurs sénateurs il ne s’en échappa que trois.

Le Sénat de Rome, à la nouvelle de ces succès extraordinaires, ordonna qu’on ferait, pendant quinze jours, des sacrifices et des fêtes publiques. Jamais victoire

  1. Une grande partie de la Flandre et du Hainaut.