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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/641

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cratidès[1], d’Athénodore d’Imbros[2], et de deux Rhodiens, Démaratus et Sparton, qui étaient accusés de quelques crimes, et détenus dans les prisons de Sardes. Alexandre leur rendit la liberté sur-le-champ, et envoya Cratère en Macédoine, avec ordre de donner à choisir à Phocion une de ces quatre villes d’Asie, Cios[3], Gergèthe[4], Mylasses[5], Élées[6], et de lui dire qu’il serait encore plus fâché du second refus que du premier. Malgré cela Phocion ne voulut pas accepter davantage ; et bientôt après Alexandre mourut. On voit encore aujourd’hui, dans Mélite[7], la maison de Phocion, qui est lambrissée de lames de cuivre, mais, du reste, fort modeste et sans ornement.

Des deux femmes qu’eut Phocion, on ne trouve rien sur la première : on sait seulement qu’elle était sœur de Céphisodotus, le statuaire. La seconde fut aussi célèbre à Athènes par sa sagesse et sa simplicité, que Phocion par sa justice. Un jour, que les Athéniens assistaient à la représentation d’une tragédie nouvelle, un des acteurs, au moment d’entrer en scène, demanda au chorége un masque de reine et plusieurs suivantes magnifiquement parées. Et, comme le chorége, nommé Mélanthius, ne les lui fournissait point, l’acteur s’emportait, et faisait attendre les spectateurs, ne voulant pas paraître sans ce cortège. Alors Mélanthius le poussa sur le théâtre, en criant : « Tu vois tous les jours la femme de Phocion paraître en public, accompagnée d’une seule suivante ;

  1. Probablement celui qui fut disciple d’Aristote, et qui était de Méthymne, dans l’île de Lesbos.
  2. On connaît plusieurs écrivains du nom d’Athénodore ; mais Alhénodore d’Imbros n’est cité nulle part qu’ici.
  3. Ville de Bithynie, sur les frontières de la Mysie.
  4. Ville de Mysie.
  5. Ville de Carie.
  6. Ville d’Éolie, peu éloignée de Pergame.
  7. C’était un quartier du Pirée.