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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/652

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nison, car Ményllus, qui la commandait, savait la contenir ; mais plus de douze mille citoyens furent exclus du gouvernement populaire, à cause de leur pauvreté. Il en resta une partie dans Athènes, qui se plaignirent du traitement injuste qu’ils éprouvaient ; les autres abandonnèrent la ville, et se retirèrent en Thrace, où Antipater leur assigna une ville et des terres qu’ils habitèrent, semblables à des gens qui auraient été forcés dans une ville assiégée et bannis de leur pays. Du reste, la mort de Démosthène, qui arriva dans l’île de Calaurie[1], et celle d’Hypéride à Cléones[2], comme nous l’avons rapporté ailleurs, tirent presque regretter aux Athéniens Alexandre et Philippe, et chérir leur mémoire. Plus tard, après qu’Antigonus eut été tué, comme ses meurtriers traitaient avec dureté les peuples qui leur étaient soumis, un paysan de Phrygie se mit à fouiller la terre ; et, quelqu’un lui ayant demandé ce qu’il faisait, il répondit en soupirant : « Je cherche Antigonus. » Beaucoup disaient la même chose, se souvenant combien étaient grandes la magnanimité et la générosité de ces rois, même dans leur courroux, et avec quelle facilité ils pardonnaient les offenses ; tandis qu’Antipater, qui dissimulait sa puissance sous le masque d’un homme privé, sous un méchant manteau, et sous les apparences d’une vie frugale, était en réalité un maître cruel, et un tyran insupportable aux peuples qui lui étaient assujettis. Cependant Phocion obtint de lui, par ses prières, le rappel de plusieurs bannis ; et il empêcha que ceux qui furent obligés de subir leur exil ne fussent, comme beaucoup d’autres, privés du séjour de la Grèce, et relégués au delà des monts Acrocérauniens[3] et du promontoire de Té-

  1. Voyez-en le récit dans la Vie de Démosthène au commencement du quatrième volume.
  2. Ville de l’Argolide.
  3. Dans l’Épire.