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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/658

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obligés de s’arrêter plusieurs jours à Élatée[1] : pendant cet intervalle, les Athéniens, d’après le conseil d’Agnonidès, et sur le décret d’Archestratus, envoyèrent à Polyperchon des ambassadeurs chargés d’accuser Phocion. Les deux parties arrivèrent en même temps auprès de Polyperchon, comme il traversait, avec le roi[2], un bourg de la Phocide, nommé Pharyges, qui est situé près du mont Acrorion, appelé aujourd’hui Galaté.

Là, Polyperchon fit tendre un dais d’or, sous lequel il plaça le roi, et, autour de lui, ses principaux courtisans ; puis, avant tout, il fit saisir Dinarchus, et ordonna qu’après l’avoir mis à la torture, on le fit mourir. Ensuite il permit aux Athéniens de parler ; mais, comme ils le faisaient avec beaucoup de tumulte et de bruit, s’accusant les uns les autres en présence du roi et de son conseil, Agnonidès s’avança au milieu de l’assemblée : « Seigneur, dit-il, fais-nous renfermer tous dans une cage, et renvoie-nous à Athènes, afin que nous y rendions compte de notre conduite. » À ces paroles, le roi se mit à rire ; mais, les Macédoniens qui étaient présents à cette assemblée, et les étrangers que la curiosité y avait attirés, avaient le désir d’entendre plaider cette cause, et faisaient signe aux ambassadeurs d’exposer sur-le-champ leurs griefs. Polyperchon fit paraître là une partialité révoltante ; car, quand Phocion essaya de se justifier, il l’interrompit sans cesse, et finit par frapper la terre de son bâton ; ce qui l’obligea de se taire, et de se retirer. Hégémon ayant pris Polyperchon à témoin de son affection pour le peuple, Polyperchon, transporté de colère, s’écria : « Oses-tu ainsi, en présence du roi, porter un faux témoignage contre moi[3] ? » Alors le roi se leva de son

  1. Ville de la Phocide.
  2. Arrhidée, fils de Philippe et frère d’Alexandre.
  3. Polyperchon se disculpe de travailler au rétablissement de la démocratie.