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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/691

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niquant les femmes aux citoyens honnêtes, la vertu se multiplie et se propage dans les familles ; par le moyen de ces alliances la ville se fond, pour ainsi dire, en un seul corps. Si Bibulus, ajouta-t-il, veut absolument conserver sa femme, je la lui rendrai dès qu’elle sera devenue mère, et que, par cette communauté d’enfants, je me serai plus étroitement uni à Bibulus et à Caton. » Caton répondit qu’il était tout dévoué à Hortensius, et qu’il prisait fort son alliance, mais qu’il trouvait étrange qu’Hortensius voulût épouser sa fille, déjà mariée à un autre. Alors Hortensius changea de langage, et ne craignit pas de demander ouvertement à Caton sa femme Marcia, qui était encore assez jeune pour avoir des enfants, alléguant que Caton avait déjà suffisante lignée. On ne peut pas dire qu’il fit cette proposition parce qu’il croyait que Caton n’aimait point sa femme ; car on dit qu’alors elle était enceinte. Caton, voyant la passion d’Hortensius, et son désir extrême d’avoir Marcia pour femme, ne refusa pas de la lui céder ; mais il voulut avoir le consentement de Philippe, père de Marcia. Philippe, qu’il alla consulter, apprenant que Caton avait donné son consentement, ne refusa pas le sien ; mais il ne voulut marier sa fille qu’en présence de Caton, et à condition qu’il signerait le contrat. Cet événement est bien postérieur à l’époque de la vie de Caton, où je suis maintenant ; mais, comme je parlais des femmes de Caton, j’ai cru pouvoir anticiper sur les temps.

Après le supplice de Lentulus et des autres conjurés, César, qui craignait l’effet des imputations qu’on avait avancées contre lui dans le Sénat, se mit sous la sauvegarde du peuple : il souleva, il attira à lui tous les membres vicieux et corrompus de la république. Caton, redoutant son ascendant sur la populace indigente, toujours prête à s’ameuter, persuada au Sénat de la mettre dans ses intérêts, en lui faisant une distribution de blé, dont