Aller au contenu

Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

sès ! Sans doute il en coûte peu pour commettre le mal ; la pente en est facile, il est sous notre main. Devant la vertu, au contraire, les dieux ont placé la sueur ; la route qui y mène est escarpée, d’un accès difficile et rebutant ; mais, à mesure qu’on s’élève, elle s’aplanit sous nos pas.

L’homme le plus parfait est celui qui ne doit qu’à lui-même toute sa sagesse, qui sait en chaque chose considérer la fin. Il est encore digne d’estime, l’homme qui se montre docile aux avis du sage. Mais celui qui, ne pouvant se conseiller lui-même, ne veut point écouter les conseils d’autrui, est un être inutile sur la terre.

Sois toujours fidèle à mes leçons, ô Persès, comme moi enfant de Jupiter. Travaille avec tant d’ardeur que la faim te prenne en haine, que Cérès, à la riante couronne, te chérisse et remplisse tes greniers. Car la faim est l’inséparable compagne de l’homme oisif.

L’homme oisif est également en horreur et aux dieux et aux hommes ; c’est cet insecte sans aiguillon, ce frelon avide, qui s’engraisse en repos du labeur des abeilles. Pour toi, ne refuse pas de te livrer aux travaux convenables, afin que tes greniers s’emplissent, dans la saison, des fruits de la terre.

L’homme qui se livre au travail voit augmenter ses troupeaux et croître sa fortune. Par le travail tu deviendras plus cher aux dieux et aux hommes ; car ils ne peuvent souffrir l’oisiveté.

Travailler n’a jamais rien de honteux ; la honte n’est que pour la paresse.

Si tu travailles, tu seras bientôt aux yeux du paresseux un objet d’envie, lorsqu’il te verra t’enrichir. La richesse a pour compagnes la prééminence et la gloire.