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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/123

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Telle est la loi des campagnes, et pour ceux qui vivent près de la mer, et pour ceux qui, loin de ses flots, habitent la terre fertile des vallées ; c’est nu qu’il te faut labourer, semer, moissonner, afin que soient accomplis en leur temps tous les travaux de Cérès, qu’en leur temps aussi arrivent les récoltes, et que tu ne te voies pas réduit, dans l’intervalle, à mendier de porte en porte sans rien obtenir. Car c’est ainsi que dernièrement tu es venu vers moi : mais je ne veux désormais ni te donner, ni te prêter : travaille, insensé Persès ; ne te refuse plus à ces travaux auxquels, par des signes certains, les dieux convient les hommes. Autrement il te faudrait, avec tes enfants et ta femme, le cœur rempli d’amertume, aller demander ta vie à des voisins indifférents. Peut-être, deux ou trois fois, te donneraient-ils quelque chose ; mais, si tu les fatiguais davantage, tu n’en tirerais plus rien ; en vain, redoublerais-tu tes prières, ce serait paroles perdues. Songe donc, je t’y exhorte, aux moyens d’acquitter tes dettes et de chasser le besoin.

Il te faut avant tout une maison, une femme, un bœuf de charrue ; une femme achetée, non une épouse, qui puisse suivre les bœufs. Que ta demeure soit pourvue de tous les instruments de la culture ; n’aie jamais à les emprunter ; on te refuserait, et tu perdrais, à chercher, le moment favorable, la saison du travail.

Ne remets point au lendemain, au surlendemain. Qui craint la peine, qui la diffère, ne remplit point son grenier. C’est l’activité qui fait aller l’ouvrage, et le lâche est toujours en lutte avec la misère.

Alors que les traits du soleil, amortis par les pluies de l’automne, cessent de brûler, d’épuiser, que nos membres commencent à se mouvoir avec plus d’agilité ;