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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/136

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LES TRAVAUX ET LES JOURS

sur du fumier, ou se retirera près du mur de quelque cour bien fermée. Ne va pas non plus dans ta maison, en quittant ta femme, humide encore de ses caresses, t’offrir en cet état à la flamme du foyer ; évite cette profanation. Ce n’est pas au sortir d’un repas funèbre, mais en revenant des sacrés festins, qu’il conviendra que tu travailles à te donner un héritier. N’entre jamais dans le lit de ces fleuves qui coulent sans repos, que tu n’aies d’abord prié, l’œil fixé sur leurs beaux courants, et baigné tes mains dans leurs humides eaux. Celui qui traverse un fleuve, et, par malice, s’abstient de baigner ses mains, les dieux s’indignent contre lui et lui envoient plus tard des châtiments. Assis à la table des dieux, ne porte point le fer aux cinq doigts de ta main pour retrancher du vert la partie sèche. Ne place point sur l’urne qui contient le vin le vase qui le verse aux buveurs : à cela s’attache un funeste présage. Si tu te bâtis une maison, ne la laisse point inachevée, de peur que la corneille ne vienne s’y poser et y pousser son cri sinistre. D’un vase qui n’a point été consacré, garde-toi de retirer ou des aliments pour ta nourriture, ou de l’eau pour ton bain : cela ne se fait pas non plus impunément. N’assieds point, rien de plus funeste, sur la pierre immobile des tombeaux, un enfant de douze jours : cet enfant ne deviendrait jamais un homme. (Il aurait douze mois ce serait de même.) Homme, ne te baigne point avec les femmes, ou tu en seras un jour sévèrement puni. Si tu rencontres sur ta route un sacrifice, ne te ris pas des cérémonies saintes ; la divinité s’en irrite. Évite de souiller de tes ordures les fleuves à leur embouchure et l’eau des fontaines.