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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/152

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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

Point de ville, Cyrnus, dont les hommes de bien aient causé la perte ; mais celle où les méchants peuvent s’abandonner à la violence, corrompent le peuple, rendent injustement la justice, dans l’intérêt de leur fortune et de leur puissance, celle-là, n’espère pas qu’elle reste longtemps paisible, quand bien même elle serait maintenant en une paix profonde, du moment où des méchants s’y plaisent à ces gains coupables que suit le malheur public. De là, en effet, les dissensions, les querelles meurtrières. Je crains que cette ville n’accueille bientôt un monarque (43-52).

Cyrnus, notre ville est encore une ville, mais d’autres l’habitent qui jadis, sans connaissance de la justice et des lois, les flancs ceints d’une peau de chèvre, pâturaient hors de ses murs comme des cerfs. Et maintenant ce sont les bons ; et les bons sont devenus méchants. Qui pourrait soutenir ce spectacle ? Ils se trompent mutuellement, ils se rient les uns des autres, n’ayant nulle idée du mal ni du bien (53-60).

D’aucun de ces citoyens, Polypédès, ne fais du fond du cœur ton ami, pour quelque avantage que ce soit. Parais l’ami de tous en paroles ; mais, quand il s’agira d’affaires sérieuses, n’aie de communauté avec aucun. Tu apprendras à connaître le cœur de ces pervers, combien, dans les actes de la vie, ils méritent peu de confiance, hommes adonnés à la ruse, à la tromperie, au mensonge, perdus sans espoir (61-68).

Garde-toi bien, Cyrnus, de confier tes projets à un mauvais, au moment de prendre quelque grande résolution. Va demander le conseil d’un honnête homme, et, pour le rencontrer, ne crains pas de te donner beaucoup de peine, et de faire de tes pieds beaucoup de chemin (69-72).

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