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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

sans mesure, il se couvre de honte, lui qui auparavant était sage (499-502).

Le vin m’appesantit la tête, Onomacrite ; il me violente, je ne dispose plus de ma pensée, je vois la maison courir autour de moi. Allons, je vais me lever, je veux savoir s’il est maître de mes pieds, maître de mon esprit dans mon sein. J’ai bien peur que, dans cet état, je ne fasse quelque chose de déraisonnable et dont j’aie à rougir(503-508).

Le vin, bu en abondance, est un mal ; bu avec modération, ce n’est pas un mal, c’est un bien (509-510).

Tu es venu, Cléariste, à travers la vaste mer, ici, chez qui n’a rien, n’ayant rien toi-même, ô malheureux ! Je placerai cependant dans les flancs de ton vaisseau, au-dessous des bancs des rameurs, ce que je pourrai, ce que me permettent les dons des dieux. Ce qu’il y a de meilleur, je te le donnerai ; et s’il me vient encore un de tes amis : « Repose dans ma maison, lui dirai-je, selon le droit de l’amitié. » Je ne réserverai rien de ce que je possède ; mais je n’irai pas non plus, pour m’acquitter du devoir de l’hospitalité, chercher ailleurs quelque chose de mieux. Que si l’on te demande comment je vis, tu peux répondre : « Pauvrement, auprès de la vie des riches, et richement, auprès de la vie des pauvres ; assez pour ne pas repousser un hôte de ma famille, pas assez pour en recevoir plus d’un (511-522). »

Ce n’est pas sans raison, ô Plutus, que t’honorent au-dessus des tous les dieux les mortels ; par toi la peine se supporte facilement (523-524).

Il convient aux gens de bien de posséder la richesse, comme aux méchants d’avoir à souffrir la pauvreté (525-526).