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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/182

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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

mortels, un double mal : la soif qui épuise, l’ivresse qui accable. Entre les deux je suivrais une voie moyenne, et vous ne me persuaderez point ou de m’abstenir de boire ou de boire avec excès (837-840).

Le vin, du reste, me plaît. En un seul point, il m’est désagréable, c’est quand il m’amène ivre en présence d’un ennemi (841-842).

Si de la tête, où il s’élève, le vin redescend vers les pieds, cessons de boire aussitôt et retournons à la maison (843-844).

Affliger un malheureux, c’est chose facile ; mais c’est chose difficile que de relever un malheureux (845-846).

Foule sous tes pieds ce peuple léger, fais-moi sentir la pointe de ton aiguillon, charge-le d’un joug pesant, car tu ne trouveras pas un autre peuple qui aime autant un maître, parmi tous les hommes que voit le soleil (847-850).

Que le roi de l’Olympe, Jupiter, anéantisse l’homme qui, par la feinte de ses discours, cherche à tromper son ami (851-852) !

Je savais autrefois, je sais bien mieux aujourd’hui qu’il n’y a aucune satisfaction avec les mauvais (853-854).

Souvent cette ville, par le vice de ses chefs, a, comme un vaisseau écarté de sa route, donné contre la terre (855-856).

Qu’un ami me voie dans la disgrâce, il détourne la tête et ne veut plus me regarder ; mais s’il me survient, par une rare fortune, quelque bien, j’ai aussitôt, en abondance, les salutations et les politesses (857-860).

Mes amants me trahissent et ne me veulent rien donner en présence des hommes ; mais, moi, voici de