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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/188

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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

de la beauté, tu apprendrais combien les mulets l’emportent sur les ânes (993-996).

Quand le soleil, poussant ses coursiers vers les hauteurs de l’éther, annoncera le milieu du jour, reposons-nous à table, aux lieux où nous conduira notre envie, et faisons fête à notre ventre de toutes sortes de biens. Qu’au seuil nous verse de l’eau, que dans la maison nous apporte des couronnes, de ses agiles mains, une belle Lacédémonienne (997-1002).

Voilà la vertu, voilà le prix le plus précieux, le plus glorieux, que puisse remporter, parmi les hommes, un homme sage. C’est le bien commun de toute la ville, de tout le peuple, que le guerrier qui, bien affermi sur ses jambes, reste au premier rang (1003-1006).

Voici un conseil commun à tous : tandis qu’ils ont la fleur de la jeunesse et d’heureuses pensées dans leurs esprits, qu’ils fassent servir à leur bonheur le bien qu’ils possèdent. Les dieux n’ont pas donné aux mortels de rajeunir ni de se dégager des liens de la mort. Il leur faut céder à la vieillesse, lorsqu’elle vient fondre sur leurs têtes (1007-1012).

Heureux, fortuné, prospère, celui qui descend dans le noir séjour de Pluton sans avoir connu la lutte et la peine, qui n’a pas dû trembler devant des ennemis, faire le mal par nécessité, mettre à l’épreuve les sentiments de ses amis (1013-1016) !

La sueur coule à grands flots sur mon corps, je me sens glacé de terreur, quand je considère le peu que dure cette fleur si agréable et si belle de la jeunesse. Il passe en peu d’instants, comme un songe, ce jeune âge, si prisé ; et, aussitôt, la terrible, l’affreuse vieillesse plane sur notre tête (1017-1022).

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