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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/19

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

composition primitive paraît en avoir reçu plusieurs autres subsistantes ou non. De ce nombre est bien certainement le petit hymne à Jupiter, que nous y lisons encore et qui lui sert de poème. Il n’existait point dans le vieil exemplaire gravé sur des lames de plomb et à demi effacé, qui fut montré à Pausanias par les Béotiens de l’Hélicon, et les plus habiles critiques de l’antiquité n’hésitaient pas à le rejeter.

Nous avons déjà dit, d’après le même Pausanias, que les compatriotes d’Hésiode tenaient le poème des Œuvres et Jours comme le seul des nombreux et divers ouvrages réunis sous son nom qui fût véritablement de lui. Et, dans le fait, la Théogonie, quoiqu’elle lui soit attribuée de concert par tous les anciens philosophes, depuis Xénophane et Pythagore, jusqu’à Platon et Aristote ; quoique Hérodote l’ait manifestement en vue quand il assigne à Hésiode une date commune avec Homère ; quoique enfin les chefs critiques de l’école d’Alexandrie, les Zénodote, les Aristophane, les Aristarque, y aient reconnu un « caractère hésiodique, » ce qui déjà n’est plus aussi positif ; la Théogonie, étudiée en elle-même, révèle des indices de postériorité, non seulement par rapport à Homère, mais encore par rapport à l’auteur des Œuvres et Jours. Sans doute la longue invocation aux Muses, qui en est le prélude, rattache les deux poèmes l’un à l’autre et semble indiquer un seul et même auteur ; mais cette invocation, quand même il faudrait, malgré ses interpolations évidentes, malgré le désordre réel ou apparent