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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/22

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NOTICE SUR HÉSIODE

Grèce ne se faisaient point illusion ; lorsqu’ils découvraient, dans cette épopée symbolique et mythique, quelque chose de pareil à un système d’idées sur le monde et ses lois, en même temps qu’ils y reconnaissaient, avec Hérodote, l’un des monuments les plus authentiques et les plus anciens, et comme le catéchisme poétique des croyances nationales.

En effet, la Théogonie d’Hésiode a été, selon nous, la première tentative considérable faite pour donner à ce peuple artiste, dans la mesure de son caractère et de l’esprit du temps, une sorte de théologie. D’autres essais du même genre furent tentés plus tard mais dans des vues moins populaires, dans des intérêts de secte ou de culte ; aussi, quoique les auteurs des théogonies orphiques eussent placé leurs ouvrages sous l’invocation de noms révérés, supposés antérieurs à ceux d’Homère et d’Hésiode, quoiqu’ils eussent espéré par là surprendre la foi publique, jamais ces pieux faussaires ne parvinrent complètement à leur but ; déjà la naïve critique d’Hérodote faisait justice de leurs prétentions, et leurs nombreux imitateurs ne commencèrent à trouver crédit qu’après que, dans la décadence du paganisme, ils eurent accepté l’alliance de la philosophie. Alors, et alors seulement, Orphée devient le théologien par excellence.

Et toutefois les poètes orphiques s’étaient habilement emparés des vieux souvenirs qui donnaient aux deux maîtres de l’épopée des prédécesseurs, environnés d’une auréole prophétique. Homère et Hésiode, en effet, n’avaient point