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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/238

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NOTICE SUR SOLON

don de leur île aux athéniens, et s’établirent, l’un à Braurone, l’autre à Mélite, deux bourgs de l’Attique ; et que Phyléus donna son nom au bourg de Phyléides, d’où était parti Pisistrate. Solon, ajoutent-ils, pour détruire plus sûrement la prétention des Mégariens, établit la propriété des Athéniens sur cette île par la manière dont on y enterrait les morts, qui était la même qu’à Athènes et qui différait de celle de Mégare. Dans cette dernière ville, en leur tournait le visage du côté du levant, au lieu que les Athéniens le leur tournaient vers le couchant. Il est vrai qu’Héréas le Mégarien nie le fait et soutient qu’à Mégare les morts étaient enterrés le visage tourné au couchant. Une preuve plus forte alléguée par cet historien, c’est qu’à Athènes chaque mort avait un tombeau séparé, et qu’à Mégare on en mettait trois ou quatre dans une même sépulture. Mais on prétend que Solon eut pour lui les oracles de la Pythie, dans lesquels le dieu donnait à Salamine le nom de ville ionienne. Ce procès fut jugé par cinq Spartiates : Critolaïdas, Amompharetus, Hypséchidas, Anaxilas et Cléomène.

Ce succès acquit à Selon beaucoup de considération et de crédit ; et sa réputation fut encore accrue par la harangue qu’il prononça pour le temple de Delphes. Il montra qu’on devait en prendre la défense et ne pas souffrir que les Cirrhéens en profanassent l’oracle ; qu’il fallait, pour l’honneur du dieu même, secourir une ville qui lui était consacrée. Les Amphictyons, entraînés par ses raisons, déclarèrent la