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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/24

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NOTICE SUR HÉSIODE

invoquent les Muses Olympiades, Piérides ; le second, les Muses Héliconiades ; ces Muses sont les manifestes symboles de ce développement poétique antérieur à l’épopée et qui la prépara.

La légende, comme l’œuvre d’Hésiode, tient essentiellement à l’Hélicon. S’il y perce un lointain rapport avec Cyme et l’Éolide d’Asie, c’est peut-être que la poésie, exilée à la suite des fils des héros, après les migrations doriennes, se renouvela tout entière sur le sol asiatique, avant de refleurir aux lieux où la tradition marque son berceau. Peut-être aussi la poésie religieuse persista-t-elle dans ce vieux foyer du chant, parmi les Éoliens d’Europe, tandis que sa sœur, la poésie héroïque, s’en allait, avec les débris des Achéens, chercher en Asie de nouvelles demeures. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’entre le xe et le ixe siècles avant notre ère, pendant que le nom d’Homère dénote le point culminant de l’épopée des Ioniens, et de l’espèce d’école poétique où elle s’élabora et se transmit, celui d’Hésiode annonce en Béotie comme une école rivale, plus fidèle à la mission traditionnelle des vieux Aèdes de l’Olympe et de l’Hélicon.

Hésiode aussi nous apparaît comme le point culminant de cette seconde école. Peut-être le développement total en est-il postérieur à celui de la première, s’il est vrai qu’Homère soit plus ancien qu’Hésiode ; peut-être même subit-elle, jusqu’à un certain point, l’influence de celle-ci. Mais ce qui la distingue éminemment, c’est son caractère didactique, ici moral et pratique dans