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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/253

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

pour Solon, donna le nom de Soles à sa ville, qui auparavant s’appelait Aïpéia (élevée). Solon, dans une de ses élégies, où il adresse la parole à Philocypre, parle de la nouvelle fondation de cette ville :

« Puisse-tu régner à Soles pendant de longues années, tranquille dans cette ville, toi et ta famille ! Pour moi, que sur mon rapide vaisseau qui m’emportera loin de cette île célèbre, Vénus couronnée de violettes daigne me protéger. Puisse la déesse m’accorder pour cette fondation bienveillance, noble gloire et bon retour dans ma patrie ! »

Cependant son absence avait replongé les Athéniens dans leurs premières dissensions. Les habitants de la plaine avaient Lycurgue à leur tête ; Mégaclès, fils d’Alcméon, était chef de ceux de la côte ; et Pisistrate, de ceux de la montagne. À ces derniers s’était jointe la tourbe des mercenaires, ennemis déclarés des riches. La ville observait encore les lois de Selon ; mais tous les citoyens mettaient leur espoir dans la nouveauté, et désiraient une autre forme de gouvernement ; non qu’aucun parti voulut rétablir l’égalité, mais chacun d’eux espérait de gagner au changement et de dominer les partis contraires. Les choses étaient en cet état quand Solon revint à Athènes ; il y fut reçu de tout le monde avec beaucoup d’honneur et de respect. Comme son grand âge ne lui permettait plus de parler et d’agir en public avec la même force et la même activité qu’auparavant, il s’aboucha avec les chefs des partis, et travailla, dans des conférences