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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/255

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

mis, et tu l’as fait pour tromper tes concitoyens. » Mais, comme la populace était près d’en venir aux mains pour soutenir Pisistrate, on prit le parti de convoquer l’Assemblée. Ariston ayant proposé qu’on accordât cinquante gardes à Pisistrate pour la sûreté de sa personne, Solon se leva et combattit avec force cette proposition par des raisons qu’il inséra depuis dans ses poésies :

« Vous ne faites attention qu’à la langue et aux paroles de cet homme séduisant. Chacun de vous en particulier marche sur les traces du renard ; réunis, vous n’avez plus qu’un esprit vide de sens. »

Mais voyant que les pauvres se déclaraient ouvertement pour Pisistrate et excitaient du tumulte, que les riches effrayés se retiraient de l’Assemblée, il en sortit lui-même, et dit tout haut qu’il avait été plus prudent que les pauvres, qui n’avaient pas vu les intrigues de Pisistrate, et plus courageux que les riches, qui, en les voyant, n’avaient pas osé s’opposer à la tyrannie. Le peuple ayant confirmé le décret d’Ariston, Solon ne disputa point avec Pisistrate sur le nombre des gardes qu’on lui donnerait ; il lui en laissa prendre tant qu’il voulut, et Pisistrate se rendit enfin maître de la citadelle. Pendant le trouble que cette entreprise excita dans la ville, Mégaclès s’enfuit précipitamment avec les autres Alcméonides.

Solon, malgré son extrême vieillesse et cet abandon général, se rendit sur la place ; et reprochant avec force aux Athéniens leur impru-