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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/47

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

phone ; là enfin, la grotte superbe de Styx, cette aînée des filles de l’Océan, cette source mystérieuse et sacrée, si redoutable aux dieux, dont le mythe annoncé plus haut devait trouver ici son développement.

Tout ce passage de la Théogonie, depuis la guerre des Titans, a évidemment souffert des interpolations des Rhapsodes et de celles des grammairiens, peut-être aussi de la confusion faite par les copistes postérieurs des récensions différentes du poème que paraît avoir possédées l’antiquité. Les imitations d’Homère y abondent. Nous serions tentés de voir une interpolation capitale, quoique ancienne, dans le récit du combat de Jupiter contre Typhoée, ce dernier fils de la Terre, engendré du Tartare, qui de nouveau menaçait le ciel, et duquel prirent naissance les vents destructeurs, dont il est le principe souterrain aussi bien que celui des éruptions volcaniques. Dès le temps d’Eschyle, Typhoée passait pour avoir été foudroyé en Sicile et enseveli sous l’Etna. Nous trouvons dans ce morceau, qui paraît un essai ou épisode de la guerre des Géants, inconnue à Hésiode, un ton de poésie, des couleurs, une langue dont le contraste avec le style de la Titanomachie est manifeste, et qui nous semblent rappeler à beaucoup d’égards celui du Bouclier. D’ailleurs ce récit, introduit brusquement, est sans aucune liaison nécessaire avec ce qui précède, et, dans ce qui suit, rien ne s’y rapporte ; au contraire, le poème reprend comme s’il n’eût pas été question de Typhoée, et