Aller au contenu

Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
LA THÉOGONIE

tour, la vapeur de l’incendie, s’échauffait et fondait la terre immense, comme coule l’étain dans le creuset du fondeur, comme s’amollit le fer, le plus dur des métaux, dompté par la main d’Héphæstos, sur ses fourneaux brûlants, au sein des montagnes d’une contrée divine. Ainsi fondait la Terre à l’ardeur de l’incendie. Pour Typhée, Zeus indigné le jeta dans le vaste Tartare.

C’est de Typhée que viennent les vents aux humides haleines, moins Notos, Borée, Argestès et Zéphyre. Ceux-ci sont de race divine ; ils servent aux mortels ; les autres soufflent au hasard sur la vaste mer, faisant sur les flots assombris, pour la perte des mortels, de furieuses tempêtes ; leurs souffles, qui se précipitent de tous les points de l’horizon, dispersent les vaisseaux, abîment les nautoniers ; malheur à quiconque se rencontre sur leur passage ! Ils parcourent aussi la terre immense et fleurie, détruisant les doux fruits du travail des humains, les enveloppant à grand bruit d’épais tourbillons de poussière.

Quand les dieux eurent accompli leur œuvre et conquis sur les Titans les honneurs du ciel, ils portèrent, par le conseil de Géa, au commandement, à l’empire des immortels, le maître de l’Olympe, Zeus, dont les regards embrassent tout ce qui existe. C’est lui qui fit entre eux le partage des divins honneurs.

Zeus, roi des dieux, prit d’abord pour épouse Métis (la Sagesse), qui savait plus de choses que tous les dieux et tous les humains. Mais comme elle allait mettre au jour la déesse aux yeux d’azur, Athéné, Zeus, trompant son cœur avec de douces paroles, l’enferma dans ses propres entrailles. C’était par le conseil de Géa et