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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/91

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

en suppliant, implorer la pitié des descendants de Cadmus, qui portent le bouclier. Il y trouva un asile et y habitait avec sa noble épouse, mais sans jouir encore de son doux commerce ; il ne devait point être reçu dans la couche de la charmante fille d’Électryon qu’il n’eût vengé le trépas de ses frères magnanimes, et porté la flamme dans les bourgades des héros Taphiens et Téléboens. C’était là sa promesse, dont les dieux avaient été témoins. Craignant donc leur courroux, il s’empressa de mettre à fin la grande œuvre que lui imposait un devoir sacré. Avec lui marchaient, avides de guerre et de combats, les Béotiens, guidant des chars rapides et montrant au-dessus de leurs boucliers un visage qui respirait une fureur belliqueuse, les Locriens, ardents à combattre de près, les Phocéens au grand cœur. À la tête de ces peuplades marchait, fier de les commander, le brave fils d’Alcée. Cependant le père des dieux et des hommes tramait en son esprit le dessein de se donner un fils, et aux immortels comme aux humains un protecteur puissant. Il quitte donc l’Olympe pendant la nuit, cherchant en lui-même par quelle ruse il s’assurera la possession de la beauté qu’il désire. Bientôt il est sur le Typhaonius, d’où il s’élance au sommet du Phicius, et là il se repose, pensant à son œuvre divine. La même nuit, le vaillant, l’illustre héros Amphitryon, ayant achevé son entreprise, fut de retour, et, sans prendre le temps de visiter ses serviteurs et ses bergers, entra d’abord au lit de son épouse, tant était vif le désir qui pressait ce pasteur des peuples. Comme un homme joyeux d’échapper aux longs ennuis d’une maladie cruelle, aux chaînes d’un dur esclavage, Amphitryon, quitte enfin de sa pénible tâche, rentrait