Aller au contenu

Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y avait, de chaque côté de la table, des plats qui me semblaient contenir des lapins de garenne.

« Pierre, cria mon hôte, une assiette à monsieur, et servez-lui un morceau du râble de ce lapin au chat.

— Au quoi ? demandai-je.

Lapin au chat.

— Tenez, je vous remercie. Tout bien considéré, je n’en prendrai pas. Je me contenterai d’une tranche de jambon. — Chez ces provinciaux, me dis-je à part moi, on ne sait jamais ce qu’on mange. Je ne me soucie pas de leur lapin au chat, voire même de leur chat au lapin.

— Entre autres originaux, continua un personnage à mine cadavéreuse, qui se tenait presque à l’autre bout de la table, reprenant le fil de la conversation, nous avons hébergé jadis un malade qui soutenait mordicus qu’on ne devait voir en lui qu’un fromage de Cordoue, et qui s’en allait, un couteau à la main, priant ses amis de se régaler d’une petite tranche du gras de sa jambe.

— C’était un sot fieffé, on ne saurait le nier, interrompit un autre ; on ne peut le comparer qu’à un certain individu que tout le monde ici, sauf ce jeune étranger, connaît fort bien. Je veux parler de celui qui se prenait pour une bouteille