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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/16

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deur sombre, mais fantastique, comme ceux qui dominent le Grand-Canal dans le voisinage du Rialto. On me conduisit, par un large escalier tournant, pavé en mosaïque, vers un salon dont la magnificence sans pareille m’éblouit dès que j’en eus franchi le seuil.

Je savais que mon hôte était riche. La renommée parlait de sa fortune en termes que mon ignorance avait toujours qualifiés de ridicule exagération. Mais, à peine eus-je jeté un regard autour de moi, que je m’étonnai qu’il se trouvât en Europe un homme assez opulent pour réaliser le rêve de magnificence princière qui éclatait et flamboyait autour de moi.

Bien que le soleil fût déjà levé, la salle se trouvait encore brillamment éclairée. Cette circonstance, jointe à la fatigue empreinte sur le visage de mon ami, me donna à croire qu’il ne s’était pas couché depuis la veille. L’architecture et les ornements de la salle témoignaient évidemment d’un désir d’émerveiller, d’éblouir le spectateur. On avait eu peu d’égards pour ce décorum que les artistes nomment l’ensemble. On n’avait pas, non plus, cherché à donner à l’appartement une couleur locale quelconque. L’œil allait d’un objet à l’autre sans s’arrêter sur aucun, — ni sur les grotesqueries des peintres grecs, ni sur les œuvres des