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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/18

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fait d’architecture et d’ameublement, je vois combien tout cela vous étonne. Vous êtes enivré — c’est bien le mot, n’est-ce pas ? — de tant de magnificence. Veuillez me pardonner, mon cher monsieur (ici son ton s’abaissa de plusieurs notes et respira la plus franche cordialité), et excuser mon hilarité peu charitable. Mais vous aviez vraiment l’air si abasourdi ! D’ailleurs, il y a des choses tellement absurdes, qu’il faut en rire si l’on ne veut pas trépasser. Mourir en riant, ce doit être la plus glorieuse de toutes les morts ! Sir Thomas Morus, un fier homme ! est mort en riant. On trouve aussi dans les Absurdités de Ravisius Textor[1] une liste assez longue des originaux qui ont fait la même fin admirable. Savez-vous pourtant, continua-t-il d’un ton rêveur, qu’à Sparte, — aujourd’hui elle se nomme Palæochori, — en a découvert, à l’ouest de la citadelle, parmi tout un chaos de ruines à peine visibles, une sorte de piédestal sur lequel on distingue les lettres λασμ, qui représentent indubitablement la terminaison tronquée du mot γέλασμσ, rire ? Or, à Sparte, il y avait mille temples et mille

  1. Joseph Ravisius Textor, écrivain peu connu du xvie siècle ; il est l’auteur de deux autres ouvrages intitulés : De memorabilibus et claris mulieribus, in-fo, Paris, 1521, et Dialogi aliquot festivissimi Epigrammata et Epistolæ, in-12, Rotterdam.
    (Note du traducteur.)