Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/66

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soupçonner un guet-apens. Un samedi matin, de fort bonne heure, il avait traversé à cheval la grande rue de Rattlebourg. On savait que son intention était de se rendre à la ville de X…, située à une distance d’environ quinze milles, et de revenir le soir du même jour. Mais il y avait à peine deux heures qu’il s’était mis en route, lorsqu’on vit arriver son cheval, sans cavalier et débarrassé de la petite valise qu’il portait au départ, bouclée à la selle. La pauvre bête, d’ailleurs, était blessée et couverte de boue. Ces circonstances excitèrent naturellement de vives inquiétudes chez les amis du personnage disparu ; aussi, la matinée du dimanche s’étant passée sans que celui-ci fût revenu, les habitants du bourg se levèrent en masse pour aller à la recherche du cadavre.

Personne ne témoigna plus d’empressement, plus d’ardeur en cette occasion que l’ami intime de M. Shuttleworthy, un M. Charles Bonenfant, ou ce cher vieux Charly, ainsi qu’on le désignait ordinairement.

Or, je ne sais à quoi cela tient ; j’ignore quelle mystérieuse influence ce nom peut exercer sur ceux qui le portent ; mais toujours est-il que les Charles sont francs, courageux, honnêtes, bienveillants, pleins de cœur, doués d’une voix claire et sympathique qui réjouit ceux qui l’entendent,