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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/81

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trat renvoya le prévenu devant les prochaines assises et refusa d’accepter caution. M. Bonenfant lui adressa en vain des remontrances à ce sujet, offrant de déposer lui-même la somme qu’on jugerait à propos d’exiger. Cette nouvelle preuve de générosité de la part du vieux Charly s’accordait avec la conduite aimable et chevaleresque qu’il avait tenue depuis son séjour à Rattlebourg. Seulement, il faut avouer qu’en cette occasion le digne homme s’était laissé emporter par un excès de dévouement et de sympathie, attendu qu’en offrant de servir de caution, il oubliait qu’il ne possédait guère que des dettes.

On devinera aisément le résultat du renvoi de M. Pennyfeather devant les assises. Il fut jugé à la session suivante, au milieu des bruyantes exécrations de la population rattlebourgeoise. Les preuves, appuyées de faits supplémentaires que la conscience de M. Bonenfant ne lui permit pas de taire, étaient si accablantes que le jury déclara, sans quitter la salle, que l’accusé était coupable de meurtre avec préméditation. Le malheureux fut donc condamné à mort et réintégré dans la prison du comté pour y attendre l’exécution de la sentence.

Cependant, la noble conduite de Charly Bonenfant avait augmenté l’estime et l’amitié que lui