Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/242

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aura cessé d’exister. Et, en fait, bien que les astronomes ne soient jamais arrivés à l’idée que nous émettons ici, il semble toutefois qu’ils s’en soient rapprochés en affirmant que s’il n’y avait qu’un seul corps dans l’Univers, il serait impossible de comprendre comment le principe de la gravitation pourrait s’établir ; c’est-à-dire qu’en considérant la matière telle qu’elle se présente à leurs yeux, ils en tirent la conclusion à laquelle je suis arrivé par voie de déduction. Qu’une suggestion aussi féconde soit restée si longtemps sans porter ses fruits, c’est là un mystère que je ne saurais approfondir.

C’est peut-être, en grande partie, notre tendance naturelle vers l’idée de perpétuité, vers l’analogie, et plus particulièrement, dans le cas présent, vers la symétrie, qui nous a entraînés dans une fausse route. En réalité, le sentiment de la symétrie est un instinct qui repose sur une confiance presque aveugle. C’est l’essence poétique de l’Univers, de cet Univers qui, dans la perfection de sa symétrie, est simplement le plus sublime des poëmes. Or symétrie et consistance sont des termes réciproquement