Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/256

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mées, sensibles, et en proportion de leur hétérogénéité ; quelques-unes atteignant un degré de sensibilité qui implique ce que nous appelons Pensée, et montant ainsi jusqu’à l’Intelligence Consciente.

À ce point de vue, nous pouvons regarder la Matière comme un Moyen, et non comme une Fin. Son utilité et son but étaient compris dans sa diffusion, et, avec le retour vers l’Unité, sa destinée est accomplie. Ce globe des globes absolument consolidé serait sans but et sans objet ; conséquemment il ne pourrait continuer à exister un seul instant. La Matière, créée dans un but, ne peut incontestablement, ce but étant rempli, être plus longtemps Matière. Efforçons-nous de comprendre qu’elle aspire à disparaître, et que Dieu seul doit rester tout entier, unique et complet.

Chaque œuvre née de la conception Divine doit coexister et coexpirer avec le but qui lui est assigné ; cela me semble évident, et je ne doute pas que la plupart de mes lecteurs, en voyant l’inutilité de ce dernier globe de globes, acceptent ma conclusion : « Donc, il ne peut pas continuer d’exister. »