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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/104

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d’analogie qui reliait ces deux affaires, quand la porte de notre appartement s’ouvrit et donna passage à notre vieille connaissance, à M. G…, le préfet de police de Paris.

Nous lui souhaitâmes cordialement la bienvenue ; car l’homme avait son côté charmant comme son côté méprisable, et nous ne l’avions pas vu depuis quelques années. Comme nous étions assis dans les ténèbres, Dupin se leva pour allumer une lampe ; mais il se rassit et n’en fit rien, en entendant G…… dire qu’il était venu pour nous consulter, ou plutôt pour demander l’opinion de mon ami relativement à une affaire qui lui avait causé une masse d’embarras.

— Si c’est un cas qui demande de la réflexion, observa Dupin, s’abstenant d’allumer la mèche, nous l’examinerons plus convenablement dans les ténèbres.

— Voilà encore une de vos idées bizarres, dit le préfet, qui avait la manie d’appeler bizarres toutes les choses situées au delà de sa compréhension, et qui vivait ainsi au milieu d’une immense légion de bizarreries.

— C’est, ma foi, vrai ! dit Dupin en présentant une pipe à notre visiteur, et roulant vers lui un excellent fauteuil.

— Et maintenant, quel est le cas embarrassant ? demandai-je ; j’espère bien que ce n’est pas encore dans le genre assassinat.

— Oh ! non. Rien de pareil. Le fait est que l’affaire est vraiment très-simple, et je ne doute pas que nous