Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Mon cher,

Pourquoi donc ne vous ai-je pas vu depuis si longtemps ? J’espère que vous n’avez pas été assez enfant pour vous formaliser d’une petite brusquerie de ma part ; mais non, — cela est par trop improbable.

Depuis que je vous ai vu, j’ai eu un grand sujet d’inquiétude. J’ai quelque chose à vous dire, mais à peine sais-je comment vous le dire. Sais-je même si je vous le dirai ?

Je n’ai pas été tout à fait bien depuis quelques jours, et le pauvre vieux Jupiter m’ennuie insupportablement par toutes ses bonnes intentions et attentions. Le croiriez-vous ? Il avait, l’autre jour, préparé un gros bâton à l’effet de me châtier, pour lui avoir échappé et avoir passé la journée, seul, au milieu des collines, sur le continent. Je crois vraiment que ma mauvaise mine m’a seule sauvé de la bastonnade.

Je n’ai rien ajouté à ma collection depuis que nous nous sommes vus.

Revenez avec Jupiter si vous le pouvez sans trop d’inconvénients. Venez, venez. Je désire vous voir ce soir pour affaire grave. Je vous assure que c’est de la plus haute importance.

Votre tout dévoué,
WILLIAM LEGRAND. »

Il y avait dans le ton de cette lettre quelque chose qui me causa une forte inquiétude. Ce style différait