Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/276

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arctique. À la longue, quand les ténèbres m’envahirent, je me mis au lit dans une grande anxiété, tremblant de passer au-dessus de l’objet d’une si grande curiosité sans pouvoir l’observer à loisir.

7 avril. — Je me levai de bonne heure, et, à ma grande joie, je contemplai ce que je n’hésitai pas à considérer comme le pôle lui-même. Il était là, sans aucun doute, et directement sous mes pieds ; mais, hélas ! j’étais maintenant placé à une si grande hauteur, que je ne pouvais rien distinguer avec netteté. En réalité, à en juger d’après la progression des chiffres indiquant mes diverses hauteurs à différents moments, depuis le 2 avril à six heures du matin jusqu’à neuf heures moins vingt de la même matinée (moment où le mercure retomba dans la cuvette du baromètre), il y avait vraisemblablement lieu de supposer que le ballon devait maintenant — 7 avril, quatre heures du matin — avoir atteint une hauteur qui était au moins de 7,254 milles au-dessus du niveau de la mer. Cette élévation peut paraître énorme ; mais l’estime sur laquelle elle était basée donnait très-probablement un résultat bien inférieur à la réalité. En tout cas, j’avais indubitablement sous les yeux la totalité du plus grand diamètre terrestre ; tout l’hémisphère nord s’étendait au-dessous de moi comme une carte en projection orthographique ; et le grand cercle même de l’équateur formait la ligne frontière de mon horizon. Vos Excellences, toutefois, concevront facilement que les régions inexplorées jusqu’à présent et confinées dans les limites du cercle