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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/354

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expression pénible de regard en dedans qui ne se voit jamais que dans les cas de somnambulisme, et à laquelle il est impossible de se méprendre ; avec quelques passes latérales rapides, je fis palpiter les paupières, comme quand le sommeil nous prend, et, en insistant un peu, je les fermai tout à fait. Ce n’était pas assez pour moi, et continuai mes exercices vigoureusement et avec la plus intense projection de volonté, jusqu’à ce que j’eusse complètement paralysé les membres du dormeur, après les avoir placés dans une position en apparence commode. Les jambes étaient tout à fait allongées ; les bras à peu près étendus, et reposant sur le lit à une distance médiocre des reins. La tête était très-légèrement élevée.

Quand j’eus fait tout cela, il était minuit sonné, et je priai ces messieurs d’examiner la situation de M. Valdemar. Après quelques expériences, ils reconnurent qu’il était dans un état de catalepsie magnétique extraordinairement parfaite. La curiosité des deux médecins était grandement excitée. Le docteur D… résolut tout à coup de passer toute la nuit auprès du patient, pendant que le docteur F… prit congé de nous en promettant de revenir au petit jour ; M. L… et les gardes-malades restèrent.

Nous laissâmes M. Valdemar absolument tranquille jusqu’à trois heures du matin ; alors, je m’approchai de lui et le trouvai exactement dans le même état que quand le docteur F… était parti, — c’est-à-dire qu’il était étendu dans la même position ; que le pouls était