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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/80

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nêtre par-dessus le chevet du lit. Je passai ma main derrière, je découvris aisément le ressort, et je le fis jouer ; — il était, comme je l’avais deviné, identique au premier. Alors, j’examinai le clou. Il était aussi gros que l’autre, et fixé de la même manière, enfoncé presque jusqu’à la tête.

» Vous direz que j’étais embarrassé ; mais, si vous avez une pareille pensée, c’est que vous vous êtes mépris sur la nature de mes inductions. Pour me servir d’un terme de jeu, je n’avais pas commis une seule faute ; je n’avais pas perdu la piste un seul instant ; il n’y avait pas une lacune d’un anneau à la chaîne. J’avais suivi le secret jusque dans sa dernière phase, et cette phase, c’était le clou. Il ressemblait, dis-je, sous tous les rapports, à son voisin de l’autre fenêtre ; mais ce fait, quelque concluant qu’il fût en apparence, devenait absolument nul, en face de cette considération dominante, à savoir que là, à ce clou, finissait le fil conducteur. Il faut, me dis-je, qu’il y ait dans ce clou quelque chose de défectueux. Je le touchai, et la tête, avec un petit morceau de la tige, un quart de pouce environ, me resta dans les doigts. Le reste de la tige était dans le trou, où elle s’était cassée. Cette fracture était fort ancienne, car les bords étaient incrustés de rouille, et elle avait été opérée par un coup de marteau, qui avait enfoncé en partie la tête du clou dans le fond du châssis. Je rajustai soigneusement la tête avec le morceau qui la continuait, et le tout figura un clou intact ; la fissure était inappréciable. Je pressai le