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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 3, 1926.djvu/124

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CHAPITRE V


La transmission des pouvoirs présidentiels. — Visite à l’Hôtel de Ville. — Le cabinet Briand réinvesti. — Réceptions et cérémonies à Vincennes. — La France pacifique.


Lorsque Paris se réveilla, le mardi 18 février, il faisait un froid très vif. Une brise glacée soufflait dans les rues déjà pavoisées. Le soleil s’était levé dans un ciel clair et joyeux. À la fin de la matinée, le temps s’assombrit. Mais rien ne pouvait arrêter l’enthousiasme populaire. Toute la ville était en fête. Dès le début de l’après-midi, une foule immense se dirigeait vers les Tuileries, la place de la Concorde, les Champs-Élysées et s’échelonnait sur le long parcours qu’allait suivre le cortège officiel. Dans ma petite rue du Commandant-Marchand, devant la paisible demeure que je devais quitter, se pressaient ouvriers et bourgeois, hommes, femmes et enfants, dont les vivats ininterrompus se répercutaient dans tout le quartier.

À 2 heures et demie, venait me chercher M. Briand, président du Conseil, accompagné du général Beaudemoulin, du lieutenant-colonel Fénelon et de M. Adolphe Pichon. Le général Beaudemoulin, que je ne connaissais pas personnellement et qui ne s’était pas fait recommander à moi, m’avait été spontanément proposé par M. Étienne, ministre de la Guerre de M. Briand, comme secrétaire général militaire. Le lieutenant-colonel Fé-