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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 3, 1926.djvu/94

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CHAPITRE IV


L’influenza de M. Isvolsky. — Sa guérison et ses nouvelles incartades. — Remontrances de M. Sazonoff. — L’ambassadeur revient à son idée favorite. — Comment il obtint quelques subsides. — Le rappel de M. Georges Louis.


L’ambassadeur de Russie avait recommencé à s’agiter et à tâcher de grossir son personnage. Pendant une attaque d’influenza, qui avait duré trois semaines[1], il avait été remplacé par son chargé d’affaires, M. Sévastopoulo, qui avait envoyé à Saint-Pétersbourg des lettres raisonnables et pondérées. C’est ainsi, par exemple, qu’ayant assisté, le 12 janvier, au déjeuner que j’avais offert au général Soukhomlinof, ministre russe de la Guerre, venu quelques heures de Nice à Paris pour saluer M. le président Fallières[2], M. Sévastopoulo avait fidèlement rendu compte de ma conversation et expliqué à M. Sazonoff pourquoi le gouvernement français ne pouvait s’associer à une démonstration navale, entreprise en dehors des puissances de la Triple-Alliance. De même, il avait clairement indiqué que j’avais déconseillé toute initiative isolée de la Russie, pouvant avoir des conséquences graves, et que j’avais recommandé de laisser à la conférence des

  1. Livre noir, t. II p. 15.
  2. Ibid. p. 3 et 5.