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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/102

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paix. » Sir G. Buchanan, qui est personnellement tout acquis à l’idée de l’alliance, n’a pas cru pouvoir dissimuler à l’Empereur que son gouvernement ne partage pas ses vues. Le Tsar a été très déçu de cette réponse. Si le gouvernement britannique persiste à décliner le pacte qui lui est si catégoriquement proposé, nous devons craindre que la Triple-Entente n’en soit compromise. Il ne faut pas oublier que l’idée d’instaurer des rapports plus intimes avec l’Allemagne compte de nombreux partisans à Pétersbourg, principalement dans l’entourage impérial. Le jour où l’Empereur reconnaîtrait qu’il ne peut fonder sur le concours de l’Angleterre aucune politique précise et durable, n’écouterait-il pas les appels insidieux qui lui viennent de Berlin ? J’ajoute que le Tsar obéit à une conviction très réfléchie, lorsqu’il affirme la nécessité de renforcer la Triple-Entente pour assurer le maintien de la paix générale. »

M. Doumergue communique à Londres un résumé de ce télégramme. Mais ni lui, ni moi, nous ne nous faisons la moindre illusion sur la réponse de l’Angleterre. Elle ne se liera pas plus envers la Russie qu’elle ne s’est liée envers nous. C’est ce que me confirme M. Paul Cambon, qui se trouve à Paris le jour même où arrive le mot de M. Paléologue et qui vient me parler de la prochaine visite du Roi George. « Si les conservateurs reprenaient le pouvoir, me dit-il, ce serait sans doute lord Curzon, ancien vice-roi des Indes, qui serait secrétaire d’État au Foreign Office. Bien qu’il ait suivi autrefois dans les Indes une politique âprement défavorable à la Russie, il est aujourd’hui un sincère partisan de la Triple-Entente. Il a dit récemment à sir Arthur Nicolson, qui me l’a répété : «