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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/116

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été si heureux de me voir remettre cette décoration, mon père et Henri Poincaré.

Après une très belle revue, favorisée par un ciel splendide, mais un peu contrariée par la poussière, nous reprenons le chemin de Paris. Dans les quartiers populaires, les ouvriers, souvent en tenue de travail, manifestent un grand enthousiasme. Par la rue Saint-Antoine, nous arrivons à l’Hôtel de Ville, où le conseil municipal nous a réservé une réception moins grandiose que celle du Guildhall, mais charmante et cordiale, et où le président, M. Chassaigne-Goyon, nous salue, le Roi et moi, d’une aimable et fine allocution.

Le soir, dîner à l’ambassade d’Angleterre, puis, gala à l’Opéra. Jamais je n’ai vu pareille affluence sur les boulevards et dans les voies adjacentes. À l’aller et au retour, notre escorte et notre cortège ont à fendre les flots qui s’ouvrent momentanément devant nous et se referment aussitôt sur nos traces. La rue de la Paix, magnifiquement décorée et toute brillante d’illuminations, regorge de monde. Lorsque nous rentrons à l’Élysée, après avoir applaudi la grâce de Mlle Zambelli dans la Fête chez Thérèse, Paris continue sous le scintillement des étoiles sa veillée joyeuse. Nous ouvrons nos fenêtres sur le parc et goûtons quelques instants, loin du tumulte officiel, la fraîcheur de la nuit et la douceur d’avril.

De toute la journée, je n’ai pas eu l’occasion de signaler au Roi le désir de la Russie. M. Doumergue doit, d’ailleurs, avoir, le lendemain jeudi, au quai d’Orsay, une conversation avec sir Ed. Grey et mieux vaut que la question soit, d’abord, traitée entre les deux gouvernements.

Le jeudi 23, nous laissons au Roi et à la Reine