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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/142

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imminente et à chercher dans mon discours de Lyon des thèmes à controverses. Ceux qui se prétendent mes meilleurs amis ne cèlent point qu’ils ne sont pas très satisfaits de mes déclarations et qu’ils me trouvent trop timide dans l’énoncé de mes droits. Leur fausse conception de l’autorité présidentielle a eu jadis pour effet de rendre inévitable la démission de M. Casimir-Perier. Elle a fourni prétexte à d’injustes attaques contre MM. Carnot, Félix Faure, Loubet et Fallières, qui remplissaient leurs délicates fonctions avec toute la réserve nécessaire. Elle brisera fatalement dans l’avenir les Présidents qui commettraient la faute de se l’approprier. Mais serviteurs infidèles de la liberté, adorateurs inconscients de la tyrannie, aucune expérience ne peut corriger ces bonnes gens de leur erreur favorite.

Le jeudi 28 mai, M. Joseph Caillaux se présente à l’Élysée, en élégante tenue printanière. Il semble définitivement rasséréné et recommence à le porter haut. Il s’excuse de ne m’avoir pas encore rendu visite depuis sa réélection à la Chambre des députés. Il a eu, me dit-il, une rude bataille à soutenir. M. Gustave Téry est venu dans la Sarthe appuyer contre lui la candidature d’un concurrent. Tels autres l’ont attaqué sans merci. Mon visiteur s’excite en parlant et me dénonce avec véhémence des industriels ou des financiers qu’il soupçonne d’être ses ennemis mortels. Il se répand en propos violents sur le compte du malheureux Calmette et, faisant allusion aux documents verts, m’affirme qu’il sait maintenant, à n’en pas douter, par quelle voie ils sont parvenus au directeur du Figaro. C’est, dit-il, un diplomate, qu’il me nomme, qui les a passés à un journaliste, qu’il ne me