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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/295

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CHAPITRE VIII


Les adieux des torpilleurs russes. — Vagues nouvelles de l’ultimatum autrichien. — Arrivée à Stockholm. — Journée de fêtes, journée d’anxiété. — Déjeuner au château de Drottningholm. — Dîner au palais royal. — Départ pour Copenhague. — Les angoisses de la traversée. — 25 et 26 juillet. — Isolés de la terre. — Ce que nous ne savons pas. — M. de Schœn au quai d’Orsay.


L’allure réglée à quinze nœuds, la France fait route dans la nuit vers la sortie du golfe de Finlande. Doucement bercé par un roulis presque imperceptible, je me suis endormi dans la complète ignorance de l’ultimatum autrichien. Nous sommes encore loin de la Baltique, lorsque je me lève. De mon appartement d’arrière, je sors pour respirer sur le pont. Les torpilleurs russes continuent de nous accompagner, comme à notre arrivée. Toute la matinée, et la plus grande partie de l’après-midi, leur cortège ne nous quitte pas. Ils ne se séparent de nous que vers cinq heures, assez longtemps après que nous avons dépassé le bateau-feu de Revelstein, laissé par le travers bâbord. On échange alors d’aimables signaux : « Je vous souhaite un agréable voyage. — Remerciements. » Mais, avant de s’éloigner, un de ces torpilleurs vient chercher le pilote russe que nous avons à bord et il accoste assez maladroitement notre cuirassé. Le choc est tel que les deux navires, le grand comme le petit, éprouvent quelques avaries. Notre