CHAPITRE VIII
L’allure réglée à quinze nœuds, la France fait route dans la nuit vers la sortie du golfe de Finlande. Doucement bercé par un roulis presque imperceptible, je me suis endormi dans la complète ignorance de l’ultimatum autrichien. Nous sommes encore loin de la Baltique, lorsque je me lève. De mon appartement d’arrière, je sors pour respirer sur le pont. Les torpilleurs russes continuent de nous accompagner, comme à notre arrivée. Toute la matinée, et la plus grande partie de l’après-midi, leur cortège ne nous quitte pas. Ils ne se séparent de nous que vers cinq heures, assez longtemps après que nous avons dépassé le bateau-feu de Revelstein, laissé par le travers bâbord. On échange alors d’aimables signaux : « Je vous souhaite un agréable voyage. — Remerciements. » Mais, avant de s’éloigner, un de ces torpilleurs vient chercher le pilote russe que nous avons à bord et il accoste assez maladroitement notre cuirassé. Le choc est tel que les deux navires, le grand comme le petit, éprouvent quelques avaries. Notre