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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/37

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porter de 500 millions à 600 la première annuité, étant entendu que la cinquième serait réduite à 400 millions. D’accord avec M. Joseph Caillaux, M. Doumergue donne son assentiment à cette combinaison. Ni le président du Conseil, ni le ministre des Finances, ne veulent modifier la politique antérieure de l’alliance franco-russe. Ils la considèrent comme purement défensive et la pratiquent comme leurs devanciers.


Lundi 12 janvier

M. Gaston Calmette maintient ses allégations et y ajoute des accusations nouvelles. Ce soir même, les personnes qu’il met en cause protestent toutes contre son récit. Il me semble de plus en plus probable qu’il a dû être mystifié par des ennemis politiques ou privés de M. Joseph Caillaux.


Mardi 13 janvier

Calmette réplique vigoureusement aux démentis et ne retire rien de ses articulations. L’opinion s’excite et se partage en deux camps. Comme au temps de l’affaire Dreyfus, voilà Paris en proie à une sorte de guerre civile. Au conseil des ministres, M. Caillaux est aussi calme et aussi maître de lui qu’il était, l’autre jour, nerveux et agité. Avec une belle tranquillité, il donne lecture d’une lettre qu’il adresse à la Commission du budget et dans laquelle il expose ses plans financiers : un impôt sur le capital, auquel seront assujetties toutes les fortunes supérieures à 30 000 francs ; une déclaration quinquennale du contribuable. Aucun ministre n’élève la plus timide objection. Mon irresponsabilité me laisse à peine le droit d’esquisser de discrètes réserves, auxquelles personne ne s’arrête, et le programme est adopté. Ce n’est, après tout, qu’un programme.