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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/53

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d’aviation. Les ministres de la Guerre et de la Marine, MM. Noulens et Monis, m’accompagnent tous deux. Le comité, qui est une œuvre d’initiative privée, a ouvert, il y a sept ans, une souscription, qui a permis de recueillir des sommes importantes, pour seconder les trop faibles efforts de l’État. Au nom des pouvoirs publics, je félicite le président, le docteur Reymond, d’avoir si utilement contribué au développement, encore bien timide, de l’aviation française, il paie constamment de sa personne dans la lutte commencée pour la conquête pacifique de l’air et nul plus que lui ne mérite la reconnaissance du gouvernement4.

Le soir, autre présidence : banquet de l’Association des journalistes républicains, dont je suis un des membres les plus anciens. J’y suis entré au temps où je faisais mes débuts au vieux Voltaire, avec Paul Strauss, Alexandre Hepp et Émile Bergerat. Trois de nos confrères viennent, l’un après l’autre, de disparaître : Arthur Ranc, Lockroy et Jules Claretie. Dans le discours que je prononce à la fin du repas, j’évoque, d’abord, leur souvenir ; puis, je ne résiste pas au besoin de confier aux journalistes présents, — ne sont-ils pas par profession les hommes les plus discrets du monde ? — quelques-unes de mes tristesses cachées : « Pourquoi ne l’avouerais-je pas ? La presse m’apparaît, à certaines heures, comme une princesse lointaine, qui m’aurait longtemps accueilli à son foyer et qui m’aurait maintenant fermé sa porte, ou comme un beau pays que j’aurais agréablement visité et dont le rivage se serait dérobé à mes regards.