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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/57

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les agents secrets de la diplomatie germanique, banquiers, journalistes et grands seigneurs. Et grâce au puissant concours de M. J. Chamberlain, M. de Hatzfeldt força la main au marquis de Salisbury et signa avec M. Balfour ce traité de partage éventuel des colonies portugaises qui, dans la pensée du gouvernement allemand, devait préparer un autre traité de partage, celui des colonies françaises. Il y avait et j’ai connu, lors de mon arrivée à Londres, des hommes d’État anglais tout disposés à accepter la collaboration de l’Allemagne pour la destruction de l’empire colonial de la France. Sir Ed. Grey et ses collègues n’appartiennent pas à cette école ; nous n’avons qu’à nous louer de nos relations avec eux. Mais nous ne devons pas oublier ce que fut le véritable dessein de l’Allemagne en 1898, car la chancellerie impériale poursuit son but avec une infatigable persévérance et la révision du traité, sa publication surtout, sont à ses yeux des moyens de créer entre elle et l’Angleterre des intérêts communs, dont plus tard elle pourra tirer parti contre la France. »

M. Paul Cambon estime, avec raison, que la publication du traité de 1898 produirait en France, si l’Allemagne l’obtenait, un effet lamentable, et il la déconseille au gouvernement britannique. Mais, envers l’Allemagne, le cabinet de Paris se sent moins à l’aise qu’envers l’Angleterre, et M. G. Doumergue a recommandé à M. Jules Cambon de garder une réserve prudente. Il l’a cependant prié de rappeler au gouvernement impérial l’article 16 du traité franco-allemand du 4 novembre 1911. D’après ce texte, toute modification au statut territorial du bassin conventionnel du