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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/69

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14 novembre 1911) et à ce second traité, il n’y a pas eu accession officielle de l’Angleterre. C’est évidemment là une distinction qui affaiblit un peu, à l’égard du cabinet britannique, le raisonnement que nous tirons de l’article 16. Mais notre argumentation conserve toute sa force envers l’Allemagne qui a signé les deux accords. Si l’Angleterre n’est pas liée, elle sait que l’Allemagne l’est et elle ne peut se rendre aujourd’hui complice d’une violation du traité. Reste, en outre, l’acte de Berlin. Reste enfin et surtout l’inconvenance qu’il y aurait à préparer ainsi le partage des colonies portugaises, alors que le Portugal ne les a cédées à personne.


Vendredi 13 février

M. Doumergue a reçu de M. Doulcet, notre chargé d’affaires à Saint-Pétersbourg, une nouvelle fâcheuse : « La retraite du Président du Conseil, que M. Delcassé avait fait prévoir, est imminente. L’Empereur vient de décider d’accepter la démission que M. Kokovtzoff lui a offerte dès l’automne, tant par besoin de repos après dix ans de ministère que par défaut d’entente avec le ministre de l’Intérieur. L’acte officiel n’est pas encore accompli, mais il sera très prochain. » Quelles que soient les causes de cette démission, elle est profondément regrettable. Malgré les limites étroites où est confinée, en Russie, l’autorité d’un Président du Conseil, M. Kokovtzoff exerçait une très heureuse influence sur la politique générale du gouvernement allié. Sa droiture, sa clairvoyance, sa pondération, la sûreté de son jugement, son sincère amour de la paix, faisaient de lui un des plus précieux collaborateurs de la Triple-Entente. Souhaitons qu’il n’ait pas un successeur trop indigne de lui.