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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/86

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déclare qu’il n’a pas retrouvé à la Chancellerie l’écrit du procureur général. Il s’en est étonné et a convoqué M. Fabre. Celui-ci lui a expliqué que le papier dont tant de gens parlent sans l’avoir lu est la copie d’un petit mémento qu’il a, d’abord, rédigé pour son usage personnel, puis laissé au ministère. Il a reconnu y avoir fait allusion devant quelques personnes et même en avoir cité certaines expressions. De ces vilaines histoires, M. Bienvenu-Martin, qui est un très honnête homme, est visiblement fort attristé.


Dimanche 15 mars

Mon cher ami Alfred Mézières, toujours jeune malgré ses quatre-vingt-huit ans, m’a convié à présider aujourd’hui le dîner des journalistes parisiens. Je m’y rends en compagnie du ministre de l’Intérieur, M. René Renoult, et, vraiment inquiet des violences et des haines qui, en des heures graves, menacent de déchirer la France, je profite de cette réunion pour recommander publiquement à la presse parisienne la courtoisie et la modération : « Comment la presse parisienne ne serait-elle pas, par définition, digne de Paris ? Comment ne donnerait-elle pas naturellement l’exemple de la bonne grâce et du bon ton ? Comment ne donnerait-elle pas aussi, avec le même accord, l’exemple de l’union nationale ? Chaque fois qu’il s’agit de prendre quelque initiative d’utilité générale, de défendre un grand intérêt collectif, de soutenir à l’étranger l’action de notre diplomatie, vous savez faire immédiatement entre vous la trêve nécessaire du patriotisme ; et fidèles interprètes de l’opinion publique, vous oubliez vos divergences pour concentrer, en un même effort de concorde et d’unité, vos talents