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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/78

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qui existent en dehors de la zone des armées, ils comprennent 12 552 officiers, dont 9 033 blessés, inaptes à faire campagne, ou occupés comme instructeurs, et 1 158 793 hommes, dont 428 399 non instruits, 173 200 blessés, malades ou convalescents, 43 564 inaptes à faire campagne, 92 673 formant les cadres des dépôts ou servant d’instructeurs, et 21 533 détachés dans les usines. À quoi il faut ajouter la création projetée de 40 bataillons et de 2 divisions territoriales. Au total, nous ne semblons pas encore avoir assez de disponibilités pour constituer une importante armée de manœuvre.

Faute de mieux, Joffre a donc continué en Champagne et en Argonne des offensives qui ont, une fois encore, été très meurtrières et n’ont pas donné de grands résultats. Nous avons progressé au nord de Perthes et dans le bois de la Grurie. Nous avons fait quelques centaines de prisonniers et enlevé plusieurs tranchées. Mais nulle part, nous n’avons percé.

Nous voici donc ramenés à l’idée d’une diversion dans les Balkans. Le grand-duc Nicolas promet maintenant d’envoyer un détachement de ses meilleures troupes (Petrograd, n° 271) ; mais pendant qu’il se rallie au projet, les Anglais y renoncent. Ils estiment que la réponse dilatoire de Venizelos doit avoir pour effet d’ajourner toute expédition à Salonique. Comme les forces navales réclament, disent-ils, le soutien de l’armée dans leur action contre les forts des Dardanelles, ils nous proposent maintenant de diriger aussitôt que possible une division sur Lemnos. (Londres, n° 253.) Cette entreprise des Dardanelles, imaginée par M. Winston Churchill, va ainsi devenir pour les alliés le mirage de la victoire. On renvoie même