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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/84

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efforts accomplis et les résultats obtenus. Sa démonstration a frappé tout le monde. « Clemenceau, ajoute Viviani, a essayé quelques objections, mais il a été médusé. »

Le colonel Pénelon m’annonce, le mercredi 24, que les opérations de l’offensive s’élargissent en Champagne, avec la participation du XIIe corps et du corps colonial. On cherche à enlever le saillant du fortin de Beauséjour. On ne désespère pas de percer. Mais si l’on n’y arrive pas, Joffre fera cesser le feu dans vingt-quatre heures pour ne pas accroître sans utilité la consommation des munitions. Le colonel m’avoue que le G. Q. G. croyait aboutir plus tôt et plus facilement, qu’il ne comptait pas sur une bataille aussi longue et aussi dure et qu’il ne prévoyait pas une telle dépense de projectiles.

Je reçois, le même jour, un ancien sénateur des États-Unis, M. Beveridge, d’Indiana, qui me remet une lettre d’introduction de M. Théodore Roosevelt. Il est venu en Europe pour faire une enquête sur la guerre au nom d’une grande revue américaine, Collier's Weekly. Il a commencé son voyage par l’Allemagne et paraît avoir accepté un peu légèrement quelques-unes des thèses germaniques. Je m’efforce de lui démontrer que l’empire d’Allemagne, en s’abstenant de retenir l’Autriche-Hongrie, en excitant la Turquie par la mission militaire et en précipitant les déclarations de guerre, a rendu la catastrophe inévitable. Je lui déclare surtout avec force qu’ayant été attaqués et envahis, grâce à la violation de la neutralité belge, nous sommes résolus à lutter jusqu’à la victoire.

M. Quinonès de Léon, qui vient me saluer avant de partir pour Madrid, me confie que l’Allemagne