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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/88

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ne se considère pas comme assurée du résultat et que Churchill a prévu le cas où il faudrait abandonner l’opération en cours de route. » Viviani reconnaît qu’il a présenté les choses à la commission sous un jour un peu favorable et que les espérances qu’elle a conçues peuvent avoir tôt ou tard un contre-coup fâcheux, mais il est souvent l’esclave de ses sensations, et, lorsqu’il a échappé à une difficulté grâce à ses magnifiques dons intellectuels et oratoires, il respire plus à l’aise et se remet au travail avec plus d’allégresse.

Les premières informations qui nous arrivent des Dardanelles sont, d’ailleurs, satisfaisantes. Deux forts sont entièrement détruits sur la rive d’Europe et deux sur la rive d’Asie. Le dragage des mines a commencé sous la protection des cuirassés et des croiseurs. Un de ces quatre forts était antérieurement armé par les Allemands. C’est, du reste, l’amiral allemand Martens qui commande les forces navales turques.

Nous prévenons sir Ed. Grey (n° 629) que le corps français, comprenant deux brigades d’infanterie, un régiment de cavalerie, deux groupes de 75 de campagne, et un groupe de 65 de montagne, en tout 400 officiers, 18 000 hommes, 5 000 chevaux et 1 000 voitures, sera prêt à partir le 2 mars, sous le commandement du général d’Amade, pour coopérer à l’action engagée contre la Turquie par les flottes alliées.

Le général Pau qui, porteur de décorations françaises, se rend en Russie par les Balkans et qui cherche à gagner partout, sur son passage, de nouvelles sympathies à la France, tire naturellement parti de cette expédition des Dardanelles et du développement qu’elle peut prendre. À Sofia, il a été chaleureusement accueilli par la