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Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/176

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— Oh ! je ne le crains pas.

— Oui, mais un malheur est vite arrivé.

— Sois tranquille, je connais mon affaire.

— Je sais bien, mais il ne faut l’exaspérer, cet homme, et comme maître Beauvoisin est venu te réclamer aujourd’hui…

— Non, laisse-moi avec ton Beauvoisin. Vois-tu, je voudrais travailler que je ne le pourrais plus maintenant. Ça irait peut-être deux ou trois jours, et puis la forêt me reprendrait.

Tiens, veux-tu que je te dise, tu as eu tort de ne pas reprendre ton travail à la ferme. Tu as voulu ton chez toi, garder ton mioche au lieu de le confier à une nourrice.

Alors de mon côté je ne pouvais rester des semaines entières loin de toi ; c’est à ce moment que la forêt m’a pris pour ne plus me lâcher.

L’affût c’est comme le jeu pour les gens de la ville. Le marquis joue, moi je braconne.

— Seulement tu braconnes trop souvent.

— Faut bien vivre.

— Non ça n’est pas la raison ; tu aimes la chasse plus que moi.

— Si on peut dire.

— C’est la vérité.

— Eh bien ! écoute, tu as peut-être raison. Mais c’est de ta faute. Il ne fallait pas me pousser à te quitter la nuit pour aller à l’affût.

Tu te souviens du vieux rusé. N’est-ce pas toi qui me conseillais, chaque soir, de le descendre. N’est-ce pas toi ? Tu me blaguais même, quand je rentrais vexé de n’avoir pas pu l’approcher.

— Je ne dis pas, mon homme. Mais on vieillit, on prend de l’expérience et le danger effraie davantage. Et puis nous n’avions qu’un moutard à ce moment. Tiens, Giraud, veux-tu que je te dise, c’est pas tout ça, mais j’ai peur de ce mauvais bougre de Billoin. Tant qu’il a été malade et que j’ai espéré sa crevaison, j’étais tranquille. Et p’is v’là qu’i’se rétablit.

— Tant mieux.