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Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/64

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— Tenez, voilà vos vingt francs, moins cinq francs, à cause du cuissot absent, soit quinze, n’est-ce pas.

À une autre fois, j’ai de la cuisine en train.

Et il disparut soudainement par une petite porte que dissimulait presque entièrement le comptoir.

— Sale rat, s’écria Estelle, en brandissant sa béquille, si nous sommes jamais pris, t’en verras de rudes.

Puis elle se dirigea vers l’hôtellerie du Cheval-Blanc où Martin l’attendait mélancoliquement, attaché à un râteau vide.


Les gardes étaient littéralement sur les dents.

Le chef Loriot ne décolérait pas. Il était devenu rogue avec Billoin qu’il appelait gaga. Une nuit qu’il se promenait vainement avec Bizais dans la forêt déserte et silencieuse, il ne put contenir son exaspération :

— Tonnerre de Dieu ! nous en a-t-il foutu une corvée cet animal de Billoin. C’est à ne pas tenir.

— Mais ce n’est pas de sa faute, dit Bizais.

— Comment, pas de sa faute !  !  ! Avait-il besoin d’aller raconter l’histoire au marquis. Il lui suffisait de dire : « Ma foi, je ne sais pas ce qui est arrivé, j’ai trouvé le cerf noyé et les chiens dessus. »

Si le patron avait découvert la blessure, il n’eût pas été difficile de lui faire avaler que la bête avait reçu le coup de fusil la veille en sortant dans les champs qui avoisinent la forêt. Il n’y aurait vu que du bleu.

Mais au lieu de cela, voilà Billoin qui fait un tapage de tous les diables. Il avait entendu la détonation, il s’était mis à courir pour pincer du vent.

Le marquis a cru que les braconniers se mettaient à détruire ses chasses, histoire de se moquer de lui. De là, la tempête que vous connaissez et les factions de nuit quotidiennes qui nous mettent sur la paille.

Bizais hocha la tête tristement :

— C’est tout de même vrai, mais ce qui est fait est fait.